Émilie Allard observe et pense à travers le prisme de la limite et du langage, attentive aux contours et aux possibilités de l'expérience humaine. La considération des échanges, des implications et des exclusions entre matière, image et langage l’anime sans relâche. Elle puise plus largement à plusieurs sources de savoirs du domaine des sciences humaines pour réfléchir le rapport contemporain aux ressources, aux autres, à la matière, au passé et au monde en général, brouillé entre autres par l'excès, les idéaux, le consumérisme et l'individualisme. Dans ce climat qu'elle ressent comme imprégné d’urgence et de judiricité, en plus d’être caractérisé par un retour à l'occulte qui s’apparie pourtant à un certain étouffement de l'imaginaire, sa recherche de liens entre ces travers, la culture, la fonction de l'art et les résolutions sociales la tient occupée.
Allard déplore et adore qu'un moment arrive toujours dans la conception des pièces où ces facteurs conceptuels fondateurs se dissolvent complètement dans l’objet qui lui continue de naître et d’assumer sa propre forme. Chaque pièce est marquée du sens que l'artiste croyait produire, bien qu'il finisse toujours par s’estomper pour laisser les objets pourtant faits de ce langage vivre et rayonner silencieusement dans l’espace. Elle utilise les objets usagés, persuadée de la pertinence d'une continuité, les transforme et les actualise par différents procédés et ajouts de matériaux, dans des gestes réflexifs et d'emphase, pour les lier dans de nouveaux énoncés visuels. Dans son cas, les résidus de ce processus s’appellent surtout sculpture, installation, photographie et écriture.
Artiste et poète, Émilie Allard détient un baccalauréat en design graphique de l'Université du Québec à Montréal (2015) et une maîtrise en sculpture de l’Université Concordia (2023). En plus de sa pratique individuelle, elle a collaboré avec des chorégraphes et des danseuses et a fait partie d'un collectif multidisciplinaire. Son travail individuel et collectif a été présenté à plusieurs reprises, notamment à la galerie Patel Brown à Montréal, au Centre Clark, au Festival international de littérature, à Tangente, à Arsenal art contemporain et à Espace Projet. Elle a complété une résidence au Lieu unique, à Nantes, grâce au Conseil des arts et des lettres du Québec en 2022. Elle est reçue au Edinburgh Sculpture Workshop à l’automne 2024 dans le cadre de la résidence Darling Newhaven. Comme poète, elle a été sélectionnée au concours de poésie 2018 de Radio-Canada et elle a publié, au Lézard amoureux, Carbone Scopique en 2021 et Désencombrements, matière et événement en 2024, ainsi qu'un texte dans la revue Estuaire.